Pourquoi nos vêtements sont-ils toxiques ?
Nous sommes à l’heure où tout s’accélère, les nouvelles collections de vêtements arrivent toujours plus tôt et toujours plus vite en magasin et pourtant nos vêtements sont fabriqués de plus en plus loin. Aujourd’hui, les consommateurs n’ont même plus le temps de se poser la question d’où viennent nos vêtements, qui les a fabriqués et quels produits contiennent-ils réellement. Dans cet article nous voulons mettre en lumière ce qui se cache derrière nos vêtements infroissables, si brillants et sans besoin de repassage. Ces prix toujours plus bas et ces vêtements toujours plus colorés et faciles d’entretien ont malheureusement un coût qui est moins facile à encaisser.
La surconsommation de vêtements, un désastre écologique
L’utilisation de substances toxiques est encore beaucoup trop répandue dans l’industrie textile et représente un vrai danger pour notre santé et la planète. Ces substances sont présentes dès la première étape de production du tissu, lors de la culture de la fibre ou de l’élevage des animaux. La culture de masse et la surproduction ont normalisé l’utilisation de pesticides, engrais et autres substances génétiquement modifiées pour un meilleur rendement des terres.
Non seulement ces produits sont toxiques pour les hommes, la faune et la flore, mais en plus ils provoquent un effet de dépendance des sols aux produits. Le plus vous les utiliser, le plus vous avez besoin de les utiliser car même si les premières récoltes sont plus importantes, on a appauvri les sols au fur et à mesure et ils fonctionnent donc moins bien. Il faut alors en remettre de plus en plus pour avoir le même effet qu’au début. C’est un cercle vicieux. Chaque année les terres s’épuisent un peu plus, la qualité des sols diminuent et petit à petit nous finirons par arriver à ce qu’on pourrait appeler la “mort des sols”.
Ces vêtements qui nous rendent malades
D’autres substances toxiques interviennent dans le processus de production des vêtements : teintures, impressions, traitements assouplissants, infroissables, anti-flammes, hydrofuges, anti-moisissures, etc. Aujourd’hui, nos vêtements sont en grande partie fabriqués en Asie, où les réglementations encadrant l’industrie n’en sont encore qu’aux prémices. Ces produits toxiques, souvent interdits en Europe, sont donc déversés dans les eaux dont s’abreuve la population locale et finissent dans les sols.
Ces produits toxiques ne disparaissent pas après l’étape de production. Ils imprègnent nos vêtements qui sont en contact direct avec notre peau en permanence. Les frottements, la transpiration et les variations de température en font en plus des conditions propices au transfert de ces composés chimiques avec notre peau. Un certain nombre de ces produits tend à disparaître au fur et à mesure des lavages (d’où l’importance de laver une à deux fois les vêtements avant de les porter), par contre, les colorants et substances permettant de fixer les teintures restent tout au long du cycle de vie du vêtement.
Ces colorants chimiques sont dangereux à cause de la présence de métaux lourds, de colorants azoïques, de formaldéhyde et de chlore. A chaque lavage, c’est 80% de ces substances qui se retrouvent dans les eaux usées. Les colorants contribuent non seulement à la pollution de l’eau mais également à l’intoxication de la faune et la flore sous-marine. Par phénomène de bioaccumulation, des microparticules émanant de ses substances se concentrent sur les algues, qui seront ensuite mangées par les poissons, intoxiqués à leur tour, et ainsi de suite jusqu’au bout de la chaîne alimentaire où se trouve le consommateur final. Nous sommes donc directement touchés par le désastre sanitaire que provoque l’industrie du textile actuellement.
Aujourd’hui, l’industrie textile est la 2e la plus polluante et selon l’ONG Greenpeace dans son rapport intitulé “Les dessous toxiques de la mode” le deux tiers de nos vêtements seraient imprégnés de produits chimiques nocifs pour notre santé. Pour vous donner un aperçu de la gravité de la situation, voici une liste des principales substances identifiées par l’ONG après avoir analysé 141 vêtements de différentes marques :
- l’éthoxylate de nonylphénol : est un perturbateur endocrinien utilisé pour son effet « repassé » et que l’on retrouve dans certains détergents. Vous pouvez vous en débarrasser en lavant vos vêtements neufs avant de les porter mais il sera toujours présent dans les eaux usées et polluera les cours d’eau avant de s’accumuler dans notre environnement. Il affecte le système nerveux et est la cause d’irritations des voies respiratoires, des yeux et de la peau.
- Les phtalates : sont des perturbateurs endocriniens qui peuvent provoquer une baisse de fertilité et des malformations des fœtus. Ils permettent d’assouplir le textile et se trouvent principalement sur les habits contenant des logos ou des dessins plastifiés. Il est également possible de s’en débarrasser avec les lavages mais ils se retrouveront toujours dans les eaux usées.
- Les colorants azoïques : sont des colorants hautement toxiques pour l’homme, cancérigènes et mutagènes. Ils sont présents dans les vêtements très colorés de type fluo ou de couleur vive. Ces colorants ont été interdits par l’Union Européenne mais ne sont pas interdits dans les zones hors-UE d’où la plupart de nos vêtements proviennent (Chine, Vietnam, Bangladesh…).
- Le formaldéhyde : classé dans les « substances cancérogènes avérées pour l’homme » il est souvent présent dans les vêtements synthétiques pour les rendre infroissables et renforcer la fixation des colorants. Le formaldéhyde provoque des irritations des yeux et des voies respiratoires, accroît le risque de pathologies asthmatiques et d’allergies.
- Les métaux lourds: se trouvent dans les teintures et permettent de rendre les vêtements plus brillants. Le plomb, le nickel et le cadmium sont hautement dangereux pour la santé par contact direct (inhalation) et par contact prolongé sur les vêtements. Leur dangerosité n’est plus à démontrer, ils sont accusés de causer des dommages sur les organes vitaux (reins, foie) et d’être pour certains de puissants neurotoxiques (perturbation du système cérébral).
Le problème de toutes ces substances toxiques, c’est la récurrence avec laquelle l’homme est exposé à ces dernières. On achète souvent de nouveaux vêtements, et on les porte jours et nuits. Les consommateurs, les employés du textile et les communautés qui vivent à côté des grandes usines courent donc un risque non négligeable au quotidien. Dans la plupart des pays de production, les normes environnementales et sociales sont encore trop laxistes et il devient indispensable d’établir un cadre législatif strict afin de répondre au désastre sanitaire et humain qu’une production effrénée à engendré depuis une dizaine d’années.
Quels conseils si vous voulez réduire votre exposition aux substances toxiques :
- Privilégiez les fibres naturelles aux fibres synthétiques (élasthanne, chlorofibre, polyamide, acrylique, polyester)
- Privilégier des vêtements teints avec des teintures à impact réduit dites “low impact fiber reactive dyes”
- Evitez les vêtements avec des motifs floqués car ils contiennent un taux élevé de phtalates.
- Evitez les vêtements aux coloris vifs de type fluo ou très colorés car ils contiennent des colorants azoïques.
- Lavez impérativement tous vos vêtements neufs au moins une fois avant de les porter.